Analyse d'une oeuvre d'art : l'art de ruminer comme une méditation

L’analyse d’une œuvre d’art est une activité qui apporte beaucoup de satisfactions, et cela sur différents plans. Chacun peut la mener à son échelle, selon son bagage. En la matière, l’historien Daniel Arasse est celui dont les analyses sont les plus émoustillantes, tant elles brillent par leur intelligence. Il ne faut donc pas hésiter à cliquer ici pour l’écouter et le réécouter pendant 18’40 à propos de la Joconde. Je liste ici les points essentiels pour ceux qui pensent connaître cette œuvre. Puis je tente de cerner ce qui caractérise l’approche du regard de l’historien pour une analyse d’œuvre d’art.


La Joconde

Le tableau de la Joconde a un statut particulier puisqu’il s’agit d’une commande qui ne fut jamais livrée bien qu’achevée. Daniel Arasse estime que, si elle avait été livrée, elle n’aurait pas plu à son destinataire. L’époux de Mona Lisa souhaitait honorer sa femme pour lui avoir donné deux fils en lui offrant un portrait qui serait exposé dans leur nouvelle demeure. Mais le portrait montre une femme épilée des sourcils et du front. Or, à cette époque, seules les femmes de mauvaise vie procédaient ainsi. De plus, elle sourit. Même si aujourd’hui, cela ne choque personne, à cette époque, un tel portrait était indécent.


La méditation de Léonard

En fait, Léonard de Vinci acheva le tableau pour lui-même, en 5 ans. C’est l’observation minutieuse et la mise en relation de la figure au premier plan avec l’arrière plan qui permettent d’en dégager le sens. C’est un tableau très personnel, une méditation de l’artiste. Il constitue une réflexion sur le temps qui passe (explicitée par la présence du pont dans le paysage), la Joconde représente la Grâce et tout ce qu’elle comporte d’éphémère, et l’arrière-plan figure la Toscane immémoriale.


La transparence de l'analyse d'une oeuvre d'art

La richesse de la pensée (ou de la parole) de Daniel Arasse est sa transparence. Dans ses ouvrages ou dans ses interventions orales, il expose ses questionnements, le cheminement de sa pensée, et déroule ses arguments. Daniel Arasse tire de ce procédé une grande force de conviction. En le suivant, c’est un peu comme si nous déroulions nous-mêmes la pensée. Mais il nous enrichit aussi, en nous montrant le chemin qui mène à une vraie rencontre avec une œuvre d’art. En voici les points qui me paraissent essentiels.


Un regard méditatif

Cela semble évident, mais il faut toujours commencer par regarder l’œuvre. Vraiment. Sans préjugé. Sans présupposer ce qu’elle veut nous montrer. Essayer de poser sur elle un regard le plus neuf possible. Daniel Arasse relevait qu’il était difficile de regarder la Joconde et de l’apprécier à sa juste valeur après avoir été la cible de Marcel Duchamp (L.H.O.O.Q.).
Pour porter un tel regard, il faut d’abord faire preuve d’humilité. Pour se laisser guider, se laisser porter par l’oeuvre et non lui imposer nos projections, nos interprétations.
Ensuite, il faut se donner le temps. Le temps nécessaire pour tout regarder en détail. Pour rentrer dans la profondeur de l’œuvre. Il faut aussi une dose de persévérance pour ne pas s’arrêter en route. Dans une exposition, il faut faire des choix. Si la visite se déroule en groupe, il peut être convivial de faire l’exercice d’observation puis de partager les résultats. Certains pourraient avoir vu des éléments qui auraient échappé aux autres.


Le temps de la rumination

Ce n’est que dans un deuxième temps que vient l’analyse, déployée à la lumière de la culture de l’époque, c’est-à-dire des textes, du contexte scientifique, religieux, social. Daniel Arasse redoutait par-dessus tout l’anachronisme et espérait y échapper grâce à une grande rigueur. Il testait différentes hypothèses, ne se contentant jamais de la première réponse venue, même si elle paraissait satisfaisante, pour la mettre à l’épreuve et essayer de pousser plus loin ses réflexions. J’ai même entendu mentionner le terme de « rumination » pour qualifier sa pensée. Il avait quelques grandes lignes directrices qui lui servaient d’hypothèses de travail. L’art de la mémoire en faisait partie (ici un lien vers l’intervention radiophonique qui traite de ce sujet).


Pour aller jusqu'à soi

L’analyse rationnelle n’exclut pas l’émotion. Dans l’ouvrage Anachroniques, Daniel Arasse nous montre comment les émotions peuvent intégrer et nourrir l’analyse d’une œuvre d’art contemporaine. Ces écrits dévoilent un peu de l’intimité de l’écrivain. Car regarder une œuvre, c’est aussi aller à la rencontre de soi. Une forme d’introspection.



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