Danger dans la zone de confort

Sortez-vous de votre zone de confort ?

Nous sommes régulièrement invités à sortir de notre zone de confort et combien d’entre nous sont convaincus que cela est nécessaire pour ne pas avoir à rougir lorsque l’on se regarde dans le miroir ?
Mais quel sens donne-t-on à cette expression “sortir de sa zone de confort” ? Or, c’est en fonction de l’interprétation que l’on en fait, qu’il s’avère ou non légitime de répondre à l’appel !


Cela est-il si évident ?

Notre époque est friande d’expressions dont certaines peuvent devenir populaires et prendre la forme d’un impératif social répété à l’envi dans différents médias. En 2019, c’est l’expression “sortir de sa zone de confort” qui semble atteindre un point culminant d’utilisation.
Ce qui est intéressant avec ces expressions, c’est que souvent nous perdons le fil du contexte qui les a vu naître. Apparues dans un contexte spécifique, elles se développent au gré des interprétations qui peuvent parfois fortement s’éloigner des origines, elles sont porteuses d’évidences qui ne sont finalement plus si évidentes


À force de lire qu’il fallait que chacun de nous, ou peut-être seulement certains qui se reconnaîtrons, ressentant une culpabilité qui en dit long, devait sortir de sa zone de confort, j’ai décidé de faire le point sur cette expression et d’entamer la réflexion.

Au départ, l'entreprise

Il semblerait que ce soit Judy Bardwick qui soit à l’origine de la popularisation de l’expression. Professeur en psychologie, elle aide les entreprises à améliorer la performance de leurs organisations. En 1991, elle publie un livre qui reflète son approche : Danger in the Comfort Zone – From Boardroom to Mailroom-How to Break the Entitlement Habit Thats Killing American Business. L’expression est ainsi née pour désigner une culture entrepreneuriale jugée délétère pour l’économie américaine. L’ouvrage n’a pas été traduit en français mais l’expression est bien arrivée jusqu’à nous plus de 25 ans après son apparition et ne porte plus sur la culture de l’entreprise mais sur les comportements individuels. J’ai une piste pour expliquer le transfert.


La recherche de la performance

Si la religion est moribonde, nos sociétés occidentales n’en ont pas moins conservé leur vigueur moralisatrice. Rester dans sa zone de confort est ainsi (très) mal considéré. Souvent résumé à “rester dans son canapé”, le confort décrié fait souvent penser à celui associé à la vie bourgeoise et au “métro, boulot, dodo” créé en 1951, repris dans les slogans de mai 68.

Nous vivons dans une société dont les règles actuelles (elles viendront à changer puisque toute société vit et se transforme) se sont mises en place dans les années 80. Les idéaux d’accomplissement personnel (droit à disposer de soi et liberté de choisir sa vie comme on l’entend) nés dans les années 70 se sont diffusées, et l’initiative individuelle est aujourd’hui valorisée : chacun doit construire sa vie par lui-même (sur le sujet de la performance comme valeur sociale et des conséquences, je vous invite à lire l’ouvrage du chercheur au CNRS Alain Ehrenberg, Le culte de la performance, Calman-Lévy, 1994). De ce point de vue, rester dans sa zone de confort signifie baisser les bras face à la fatalité et le renoncement à prendre sa vie en main. L’accusation est de taille !


Est-ce une bonne idée de casser les habitudes ?

Sortir de sa zone de confort ou de son canapé, au niveau individuel, ça consiste d’abord à casser ses habitudes. Les neurosciences n’étant jamais loin dans une explication d’ordre psychologique, on nous explique que le confort est surtout recherché par notre cerveau qui, selon la thèse actuelle qui consiste à dire qu’il a été façonné à l’époque préhistorique où la survie était l’enjeu majeur, notre cerveau fait des choix qui nous préservaient hier de la mort, et aujourd’hui de l’inconfort.


Sortir de sa zone de confort, c’est faire le choix de l’exploitation de nos capacités individuelles, de la liberté de choix, de l’initiative, de l’innovation, de la créativité et la capacité à s’autocontrôler. Comment peut-on résister et vouloir y rester ?


Performance et stress

La zone de confort définit un état psychologique dans lequel une personne éprouve un faible niveau de stress et d’anxiété, ce qui lui permet de garder le contrôle de ses actions (ou d’en avoir l’illusion pourront dire certains).
En 2009, le chercheur Alasdair White met en évidence la « zone optimale de performance » en entreprise. La performance y est plus importante que dans la zone de confort : on obtient ce résultat grâce au bon dosage de stress (cela avait déjà été montré par une observation du comportement de souris en 1907). En excès, le contrôle n’est plus possible, la performance décroît, sauf pour des personnes choisies pour leurs aptitudes particulières et entraînées (comme les militaires professionnels par exemple). Lorsque le stress est présent sans excès, le niveau de concentration et d’attention d’une personne seront à leur maximum.


Adoptez un comportement qui a du sen pour vous

Les apports d’une bonne quantité de stress a amené des voix à s’élever contre l’insertion de la méditation en entreprise. Car la méditation, telle que pratiquée et popularisée de nos jours, a notamment pour but de diminuer l’anxiété et le stress. Mais n’est-ce pas parce que cette anxiété et ce stress seraient présents en excès et que le but seraient de les ramener à un niveau qui favorise la performance ?


A contrario, la routine a aussi des vertus. Il est connu qu’une langue étrangère s’apprend d’autant mieux qu’elle est pratiquée tous les jours. De nombreux écrivains s’astreignent à des séances quotidiennes de travail. Le rituel a la vertu de placer la personne qui le pratique dans un état particulier désiré.


Les recettes miracles pour atteindre nos objectifs n’existent pas. Si ceux qui ont réussi peuvent nous apporter de l’inspiration, il revient à chacun de faire sa propre synthèse, selon son histoire et ses aptitudes naturelles. Certains trouveront leur compte dans la routine, d’autres auront besoin de bousculer régulièrement le quotidien. Tout dépend aussi de votre situation, si n’avez que vous-même à prendre en charge ou si des personnes dépendent de vous.


Rien ne s’impose à qui que ce soit et il faut savoir se mettre à distance (à l’abri ?) des impératifs sociaux, dès l’instant que ce que vous faites à du sens pour vous-même.



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