bienveillance et respiration

La bienveillance envers soi par la respiration

La respiration est au centre de nombreuses pratiques méditatives. Pourquoi ? Parce que l’observation de la respiration est un exercice accessible à tous mais qui conduit également à appréhender la complexité du chemin à parcourir.
En effet, le débutant qui cherche à observer sa respiration va éprouver la même difficulté que le physicien qui cherche à observer des particules au niveau quantique : une modification du phénomène observé.
Notre respiration, spontanée, se caractérise par une amplitude et un rythme. Mécanisme vital automatique, la respiration peut aussi être modifiée par notre volonté. Aussi, lorsque nous observons notre respiration, celle-ci va avoir tendance à changer d’amplitude et de rythme.
Adopter la posture d’observateur de soi-même constitue un premier exercice subtil qui conduit à la bienveillance envers soi. De quelle façon ?

La tentation du détournement de soi ?

Essayons d’abord de saisir la difficulté de l’exercice. Quel en est l’origine ? Sommes-nous gênés par cette intimité avec nous-mêmes ? Est-ce à cause de ce dont la respiration amène à prendre conscience : matérialité de notre corps, simplicité de la vie – quand nous cherchons à tout compliquer en permanence, interposition de notre jugement qui évalue la respiration comme un support insignifiant qui ne mériterait pas d’attention, peur de manquer quelque chose de plus important qui se produirait à l’extérieur de nous pendant notre temps d’observation ?

Ou est-ce un manque d’habitude quand tous nos sens nous portent la plupart du temps en dehors de nous-mêmes ? Ou encore notre mental qui nous détournerait de notre exercice d’observation, nous attirant vers des idées que nous ne souhaitons pas aborder en l’instant ?

S’installer dans l’observation de sa propre respiration peut donc se révéler difficile pour ceux qui ont coutume de se laisser régulièrement emporté par le cours de leur vie. L’exercice nécessite une impulsion basée sur un réel effort de volonté.

La bienveillance envers soi est d’abord attention à soi

Se poser en spectateur de sa propre respiration représente un acte fort d’attention à soi mais aussi de mise à distance par rapport au regard que l’on se porte à soi. C’est une première façon d’appréhender le non-agir, alors même que l’on agit constamment, en vu d’obtenir des résultats particuliers. La bienveillance envers soi commence ainsi : en cessant de se juger, en se percevant tel que l’on est, dans son histoire et dans son présent, dans l’acceptation de ce qui est réellement, en évitant l’écueil des « et si… ».

C’est aussi une première étape vers le refus de la distraction au profit de la concentration, c’est-à-dire de rassemblement de l’attention vers un point unique. Et de la même façon qu’un enfant qui reçoit l’attention de ses parents s’épanouit davantage qu’un enfant auquel on est indifférent (et il fera tout ce qu’il peut pour y échapper, y compris des tas de bêtises), de la même façon, cette attention à soi-même nourrit notre être bien mieux que toute autre action. D’où l’apaisement et les effets de ressourcement ressentis.

Observer sa respiration, c’est appréhender son intériorité, son authentique chez soi, qui n’appartient qu’à nous et auquel nul autre que nous n’a accès. C’est le début d’une attention plus étendue et fine, à tout le corps, mais aussi à ce qui l’anime et le travaille : émotions, stress, etc.

Notre respiration représente concrètement l’expérience de la communauté avec tous les êtres vivants. Elle nous fait accéder à un large espace qui s’étend au-delà de notre seule enveloppe corporelle. La respiration représente également un acte libre de toute contrainte, hormis celles que l’on se pose. En effet, l’air est disponible dans une quantité “infinie”. Nous n’éprouvons jamais de frustration par manque de matière première dans une longue et profonde inspiration.

Exercice concret pour développer la bienveillance envers soi

La respiration est connectée à nos battements cardiaques. Sur les expirations, le cœur ralentit un peu, tandis qu’il accélère sur les inspirations. Un rythme moyen se dégage de ce jeu d’accélérations et de ralentis : c’est le rythme de référence pour réaliser les exercices de comptage qui conduisent au contrôle du souffle.

Vous vous asseyez confortablement, la pointe des ischyons dirigée vers le sol.
Redressez le dos pour créer la sensation d’aligner le dos et l’arrière de la tête.
Les épaules sont basses, légèrement ouvertes vers l’arrière pour sentir la cage thoracique dégagée (tant au niveau supérieur qu’inférieur où le ventre ne la comprime pas).
Dans cette position, vous comptez quatre pulsations cardiaques sur l’inspiration, deux en suspension poumons pleins, quatre sur l’expiration et deux poumons vides, et recommencez jusqu’à vous installer dans la régularité du souffle.

Vous devez toujours sentir le confort de la respiration. Si l’inconfort se manifestait, cessez l’exercice pour reprendre plus tard. Si vous êtes à l’aise, vous pouvez passer au rythme de 6-3-6-3, voire 8-4-8-4.

Ne cherchez pas la performance.
Tout au long de l’exercice, conservez cette attention à vous-même, bienveillante, sans chercher à pousser votre corps, sans chercher à faire, mais seulement à ressentir, dans le rythme qui s’installe progressivement. Dans le cas contraire, vous dénaturez l’exercice et n’accédez pas à tous ses bienfaits.


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